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quinta-feira, 19 de março de 2009

"Je ne dépends ni de la critique ni du marketing"

Le chanteur brésilien Lenine en concert à Montevideo (Uruguay), le 5 juin 2008.

AFP/PABLO PORCIUNCULA
Le chanteur brésilien Lenine en concert à Montevideo (Uruguay), le 5 juin 2008.


Chanter à l'Olympia de Paris le 19 mars, le jour où la France se met en grève, est mal pratique, mais n'est pas pour déplaire au Brésilien Lenine. Né à Recife en 1959, ce trublion de la musique populaire au physique de hard-rocker tient son nom du militantisme politique de son père, inscrit au Parti communiste brésilien. Il publie son neuvième album, Labiata (le nom d'une orchidée) : du rock, de la chanson, de l'électronique, des textes abrasifs. Grand gaillard joueur, Lenine a composé aussi pour la danse (la pièce Breu pour le Grupo Corpo), pour le théâtre, et pour ses pairs (Maria Bethânia...). Lenine explique son parcours à Paris, en citant George Bernard Shaw sur la jeunesse d'esprit, installé devant un cafezinho, dans la boutique de Saint-Germain-des-Près ouverte par la marque Natura, champion des produits cosmétiques naturels fabriqués par des "communautés" agricoles, et sponsor de sa tournée internationale.

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Vous aimez la France...

J'y suis très bien reçu. C'est peut-être à cause de mon air breton, de ma tête de Wiking barbare ! La Cité de la musique m'a accueilli en 2004, et j'ai pu y réaliser Lenine in Cité, un album et DVD de chansons originales produites en scène. J'ai des accointances en France. Avec Arthur H, avec qui je viens de créer l'hymne de l'Année de la France au Brésil pour 2009 : " La reine de la lune rencontre la reine du soleil." Nous faisons tous les deux une musique contemporaine urbaine. (Lenine avait composé l'hymne de l'Année du Brésil en France en 2005).

Vous êtes nordestin, du Pernambouc, comme le président Lula. Où vivez-vous ?

J'habite Rio, dans le quartier de Urca, une sorte de presqu'île au pied du Pain de Sucre. Urca ressemble à une ville de province, nous regardons de loin Botafogo et Flamengo, en face. Il n'y a pas de tours, pas de spéculation immobilière. J'ai une ardoise chez le marchand de journaux, chez le boucher. Le tout au centre de Rio ! Parfois le Brésil peine à se montrer tel qu'il est. Son image change, mais il est dans la situation d'un adolescent qui découvre son acné dans un miroir et se trouve affreux.

Pourtant, en Europe, on sent dans la rue les effets dépressifs et paralysants de la crise économique. Au Brésil, comme nous naissons avec l'idée d'instabilité, la perspective de la crise a fait resurgir des systèmes D, des bas de laine, des solidarités...

Qu'est-ce qui change au Brésil en matière de musique ?

La géographie. La culture brésilienne, ce n'est plus seulement Rio et Sao Paulo, La Fille d'Ipanema et le Nordeste humilié. Voici que le Sud brésilien fait son irruption, avec son esthétique du froid, voici que des centaines de milliers de spectateurs se précipitent dans l'Etat d'Amazonas pour fêter le bumba-meu-boi (cérémonie du boeuf expiatoire) de Parintins, à l'autre bout du pays. Internet a beaucoup participé à cette "pulvérisation" culturelle.

Souffrez-vous de la piraterie ?

Moi, non. J'ai toujours été artisan. D'autres oui, l'univers des millions de disques vendus a été rayé de la carte. Au Brésil, j'ai 70 000 fans, qui achètent tout ce que je fais. Je suis sauvé. Ainsi, je ne dépends ni de l'industrie, ni de la critique, ni du marketing. Mes fans veulent que je risque, que j'expérimente, que je me jette du 20e étage s'il le faut ! Ils adhèrent, ils ont acheté Labiata en vinyle. En travaillant sur des micromarchés, j'ai pris des années d'avance. Mon livre de chevet reste Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez. Comment pourrais-je ne pas l'avoir acheté ? Eh bien, pour la musique, c'est pareil, quand on aime, on achète.

Vous y commentez le naufrage du pétrolier "Le Prestige" en Galice en 2002, la forêt qui brûle, la bêtise des people, catégorie "alpiniste social", jamais au sommet désiré... C'est triste ?

Non, c'est une prise de conscience nécessaire. Quant à moi, je suis né en m'amusant et je mourrai en m'amusant.


Olympia, le 19 mars à 20 h 30, 28, bd des Capucines, Paris-9e. M° Madeleine. Tél. : 01-47-42-25-49. De 33 € à 39 €.

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